Mongrand-pĂšre Ă©tait un tirailleur sĂ©nĂ©galais. Il sâappelait Abdoul Banna Mbaye. Il a fait la premiĂšre guerre mondiale. Il en est revenu avec une dĂ©coration. Comme de nombreux autres, parfois volontaires, souvent enrĂŽlĂ©s de force, mon grand-pĂšre sâest battu pour une cause quâil pensait en rapport avec celle de son terroir. Il sâest battu contre []
Paris, le 26 aoĂ»t 2022. ChĂšre famille, chers amis, mesdames, messieurs, Je ne vous ferais pas ici une biographie de mon grand-pĂšre. Les personnes prĂ©sentes aujourdâhui, le connaissaient et ils se souviendront dâun homme heureux, honnĂȘte et courageux. Pour nous, ses petits-enfants, dont je me fais le porte-parole Ă cet instant, avons toujours eu une grande admiration pour notre papi, pour cet homme qui a luttĂ© pour ses idĂ©aux et sâest battu pour que sa famille ne manque de rien. Il a comblĂ© ma grand-mĂšre de bonheur, il a toujours Ă©tĂ© prĂ©sent pour ses filles, malgrĂ© une vie professionnelle physiquement dure. Et nous, petits-enfants, nous avons reçu tellement dâamour et dâattention, quâil est trĂšs difficile dâimaginer notre vie sans lui. Et pourtant, notre grand-pĂšre nâest plus lĂ . Je me souviendrais Ă jamais de ces vacances, que nous passions autour de lui, avec mes cousins, dans la maison familiale son imagination dĂ©bordante pour nous inventer des jeux, son Ă©nergie incroyable lors des journĂ©es Ă la plage, sa passion - quâil nous a dâailleurs transmis - pour son potager. Et ses talents dâorateur ne sont pas en reste. Je me souviens de ces soirĂ©es oĂč, nous nous retrouvions, aprĂšs le dĂźner, pour Ă©couter les souvenirs de sa vie, son enfance, la guerre, la rencontre avec notre grand-mĂšre⊠Je pense, avec du recul, que certaines de ces histoires Ă©taient romancĂ©es. Mais nous aimions tellement lâentendre les conter. Câest lĂ , toute la richesse de lâhĂ©ritage que nous a laissĂ© notre grand-pĂšre la transmission. La transmission de ses valeurs humanistes, ses idĂ©es, sa force et ses passions ; la transmission de sa vie, de son histoire. Je souhaite te remercier papi, pour nous avoir lĂ©guer cette Ă©ducation et ces idĂ©aux. C'est en grande partie grĂące Ă toi que nous avançons dans la vie, et que nous continuerons Ă nous battre pour des causes justes, que nous continuerons Ă nous rĂ©unir et nous entraider. Tout ce que tu as pu m'apprendre, toutes les histoires que tu as pu me raconter, je les transmettrai Ă mes enfants, sois-en certain. Tu vas nous manquer papi, mais ton souvenir restera bien vivant dans nos cĆurs et dans nos vies. Tu as toujours Ă©tĂ© mon modĂšle, mon hĂ©ros, et tu le resteras. J'aimerai, pour finir, citer cette phrase de Victor Hugo, qui prend tout son sens ici, "Tu n'es plus lĂ oĂč tu Ă©tais, mais tu es partout lĂ oĂč je suis". Adieu papi.
Rendonshommage à ce grand homme que fut mon pÚre. Il vivra pour toujours dans notre mémoire et dans notre coeur. J'ai choisi des photos pour illustrer sa vi
EXCLUSIF - AprĂšs les accusations de collaborationnisme et d'antisĂ©mitisme portĂ©es contre le cĂ©lĂšbre dialoguiste des Tontons flingueurs, son petit-fils, StĂ©phane, pĂ©dopsychiatre et romancier, dĂ©fend sa mĂ©moire en parlant de l'homme intime et de ses paradoxes.Un tonton flinguĂ© par son passé» comme l'Ă©crit François Guillaume Lorrain dans Le Point? Alors que les Ă©ditions Fayard viennent d'exhumer Le Chant du dĂ©part, un roman inĂ©dit de Michel Audiard, L'Obs, Le Mondeet donc Le Point, reprenant le travail d'un historien de la littĂ©rature Franck Lhomeau, analyse pour la premiĂšre fois les premiers Ă©crits du futur dialoguiste publiĂ©s entre 1943 et 1944 dans des journaux douzaine de textes, des contes, des nouvelles mais aussi des critiques rĂ©digĂ©es essentiellement dans L'Appel, un journal pro-allemand, anti-maçonnique et antisĂ©mite, forment le corpus des recherches de Franck Lhomeau pour Temps noir, la revue des littĂ©ratures Audiard Ă gauche parle de Michel, son grand-pĂšre, dans un entretien exclusif donnĂ© au Figaro». Rue des ArchivesBien que n'Ă©tant pas de natures politiques, dĂ©jĂ dans un style grinçant, qui deviendra sa marque de fabrique, le jeune Michel Audiard n'hĂ©site pas Ă manier les clichĂ©s alors attribuĂ©s aux francs-maçons et aux juifs. OubliĂ©s - cachĂ©s rĂ©pondront ses contempteurs - les premiers pas d'Audiard dans la presse, lui vaudront quand mĂȘme d'ĂȘtre interrogĂ© par la police Ă l'automne 1944. SoupçonnĂ© d'actions anti-nationales et anti-françaises», une enquĂȘte est menĂ©e auprĂšs de ses parents adoptifs, de ses voisins et des habitants du quartier. Dans le procĂšs-verbal, retrouvĂ© aussi par Franck Lhomeau, il est Ă©tabli que ces derniers ne l'ont jamais entendu tenir des propos collaborationnistes». Entendu une derniĂšre fois par la police sur ses activitĂ©s pendant la guerre en mars 1947, son dossier sera ensuite dĂ©finitivement par cette affaire et l'opprobre qu'elle jette sur la mĂ©moire de son grand-pĂšre, StĂ©phane Audiard, pĂ©dopsychiatre et romancier, a dĂ©cidĂ© de rĂ©pondre Ă cette FIGARO. - Pourquoi avez-vous souhaitĂ© faire publier Le Chant du dĂ©part, un roman qui semblait inachevĂ©?StĂ©phane AUDIARD. -Le Chant du dĂ©part, c'Ă©tait pas mal pour quelqu'un qui a cassĂ© sa pipe. Une sorte de chant du cygne, dernier round dans Paris avant de calancher. Il nous a semblĂ© important pour les admirateurs, pour l'histoire du cinĂ©ma de donner cet inĂ©dit Ă lire. Mais au vu de certaines rĂ©actions et de quelques critiques peu amĂšnes, on pourrait regretter d'avoir pris la dĂ©cision de publier ce livre... Mais bon, non! Je n'aime pas penser Ă reculons. Je laisse ça aux lopes et aux Ă©crevisses comme mon grand-pĂšre l'avait fait dire Ă Lino Ventura dans un Taxi pour vous parlez de certaines rĂ©actions vous pensez aux rĂ©vĂ©lations sur le passĂ© collaborationniste de votre grand-pĂšre?Cette histoire nous a beaucoup remuĂ©, Jacques Audiard et moi. Nous savions qu'il avait Ă©crit dans des journaux pendant la guerre des nouvelles et des critiques. Son style, dĂšs ses dĂ©buts, Ă©tait grinçant. Dans le contexte de la Collaboration, dans un journal dirigĂ© par des pro-allemands, il a pu ĂȘtre injuste envers les juifs. Mais j'ai connu cet homme jusqu'Ă l'Ăąge de quinze ans. Ă aucun moment, Michel n'a Ă©tĂ© antisĂ©mite. Je ne me souviens pas de la moindre trace d'une rĂ©flexion un peu oiseuse sur un juif. Rien, ça n'existait pas dans son discours public, ça n'existait pas avec les gens du mĂ©tier et ça n'existait pas dans l' pensez donc que le travail d'investigation historique sur un personnage aussi cĂ©lĂšbre que Michel Audiard ne prĂ©senterait aucun intĂ©rĂȘt?Non, bien sĂ»r, presque 80 ans aprĂšs les faits, le parcours de Michel Audiard appartient Ă l'histoire. Et que l'on fasse un inventaire de son travail pendant la guerre, cela me paraĂźt trĂšs justifiĂ©. Maintenant, une fois ces principes rĂ©affirmĂ©s, il me semble que ce devoir de mĂ©moire se transforme en un procĂšs pour antisĂ©mitisme d'un homme qui, visiblement, en a Ă©tĂ© guĂ©ri en une comprenez pourtant que traiter, par exemple, l'auteur du Chant des partisans, Joseph Kessel, de youpin» dans une critique puisse choquer en 2017...Bien sĂ»r, l'expression est abjecte. Elle est condamnable, elle est condamnĂ©e aujourd'hui, elle ne l'Ă©tait pas pendant l'Occupation. La France, je le rappelle, vivait sous le rĂ©gime de Vichy. Si vous me permettez de dĂ©fendre la mĂ©moire de mon grand-pĂšre, je pense qu'il agit Ă l'Ă©poque par faiblesse, par entraĂźnement. Il Ă©tait issu d'un milieu modeste, avait dĂ» arrĂȘter l'Ă©cole au certificat d'Ă©tude. Il va voler des vĂ©los, devenir une sorte de petit voyou et rencontrer dans ce milieu des mecs trĂšs Ă droite comme Courtine. Ce dernier est secrĂ©taire de rĂ©daction Ă L'Appel, un journal collaborationniste. Michel qui a toujours Ă©tĂ© bon en rĂ©dac» mais qui n'a que son certificat d'Ă©tudes a une chance rare de sortir de son milieu. Il va la saisir sans ĂȘtre trop regardant. NĂ© dans un autre temps, j'en suis sĂ»r, anarchiste comme il Ă©tait, il aurait pu Ă©crire dans des journaux d' croyez que ça s'est passĂ© aussi simplement...Certainement. En tout cas, si l'on veut juger, il faut prendre en compte l'atmosphĂšre vĂ©rolĂ©e de l'Ă©poque et aussi celle de l'entre-deux-guerres. On a aussi fait ce genre de procĂšs Ă HergĂ© et Ă Simenon. Je pense que la question juive, le problĂšme du racisme, la notion mĂȘme d'humanisme Ă©taient traitĂ©s assez diffĂ©remment Ă l'Ă©poque. Cette remise en perspective n'excuse pas tout mais elle permet d'Ă©clairer, d'expliquer un comportement, une façon de voir le monde. En tout cas, il faut se garder de juger avec nos yeux et notre intelligence de Michel Audiard n'a jamais fait amende honorable sur cette pĂ©riode dans ces romans qui Ă©taient toujours Ă caractĂšre autobiographique?Ce livre est une Ă©tape probablement intermĂ©diaire. Inabouti, il n'a pas voulu de son vivant qu'il soit publiĂ©, il existait peut-ĂȘtre une raison prĂ©cise Ă cela, que j'ignore. Avec le recul, je pense qu'il avait la rage de ces annĂ©es-lĂ . Ăa l'a meurtri puis ça l'a construit en opposition systĂ©matique Ă toute forme d'ordre d'obligation, de servilitĂ©. Mais il n'a jamais osĂ© le rĂ©vĂ©ler, le dire. C'est peut-ĂȘtre dommage mais c'est ainsi. Au fond, il est mort trop tĂŽt pour oser se pencher sur ses la mort de votre pĂšre, François, la tristesse de Michel Audiard s'est-elle dĂ©finitivement transformĂ©e en forme de misanthropie?Vous savez, je suis le fils de François, le fils du mort. AprĂšs ce chagrin, Michel a changĂ©. Je ne sais pas si l'on peut parler de misanthropie mais on peut parler d'une terrible luciditĂ© face aux hommes et Ă la vie. En fait, il a passĂ© beaucoup de temps avec moi. Il ne se contentait pas d'un talbin, donnĂ© Ă la va-vite. Il Ă©tait prĂ©sent, aimant. VoilĂ , le Michel tendre, que j'ai connu.
TAThB2M.